samedi 12 octobre 2013

CABERNET SAUVIGNON, MAX RESRERVA, 2002, ACONCAGUA, VINA ERRAZURIZ



Ma cave a atteint une maturité qui me permet maintenant d'ouvrir sur une base régulière des rouges d'une dizaine d'années. Des vins chiliens du type de ce Cab de prix très abordable. La décision prise il y a huit ans de stocker massivement ce genre de vins fut la meilleure de mon parcours d'amateur. J'avais toutefois exploré les vins de cette gamme de prix d'un peu partout dans le monde et fait mes expériences au préalable. J'en étais alors venu à la conclusion que c'était ce genre de vins, propres et mi-évolués, que je préférais. Des vins de type Reserva qui ne sont pas des monstres de concentration et d'extraction, élaborés avec un usage somme toute modéré du bois de chêne. Ce qui fait qu'après une dizaine d'années en bouteille ils montrent un niveau d'évolution que j'apprécie, avec encore du fruit, mais ayant gagné en finesse et en subtilité tout en montrant autant de complexité, mais avec des arômes différents. Pour ceux qui me lisent avec régularité, il n'y a rien de nouveau dans mon propos. Ce n'est pas la première fois que je vante le potentiel de garde des rouges chiliens de type Reserva, ou Gran Reserva, issus de Cabernet Sauvignon, de Syrah, et les assemblages de type bordelais qui contiennent parfois aussi de la Syrah. Concernant la garde, pour le Pinot Noir, et la Syrah de climat frais je suis au stade de l'expérimentation, tout comme pour les blancs. Pour ce qui est de ce « Max Reserva », c'est le dernier millésime qui titrait à 14% d'alcool avant cinq millésimes sur six qui ont misés sur plus de maturité du fruit avec un titre alcoolique de 14.5%. Vous me direz que 0.5% ça demeure mineur comme changement, c'est vrai, mais plus le titre alcoolique est élevé, et plus l'impact d'un léger changement est notable. La bonne nouvelle, c'est que depuis le millésime 2009, Errazuriz est revenu à l'ancienne méthode et le titre alcoolique de cette cuvée est de retour à 14%. Il y a une tendance au Chili pour revenir à des vendanges un peu plus hâtives. C'est un des éléments que mettent de l'avant des gens comme François Massoc et Pedro Parra du Clos des Fous, et Parra agit maintenant comme consultant chez Errazuriz, tout comme le bourguignon Louis-Michel Ligier-Bélair qui est un ami des deux autres et impliqué avec eux dans le projet Aristos. Tout ça pour dire qu'il y a de l'osmose au Chili entre la nouvelle vague de petits producteurs et les gros joueurs traditionnels qui cherchent à s'améliorer. Errazuriz est un de ceux-ci. À ce sujet, je vous suggère ce récent article de Decanter.

La robe est encore intensément colorée, sans signes marqués d'évolution. Le nez est assez typique de ce que donne cette cuvée après 10 ans passés en bouteille. On y retrouve un caractère légèrement évolué qui marque un délicat fruité de cerise et de cassis, amalgamé à des notes de bois de cèdre, d'humus, d'épices douces, de menthol et de chocolat noir. Superbe nez de Cabernet qui commence sa phase de maturité. En bouche, le vin est caressant, fin et équilibré. Le profil des saveurs est légèrement évolué, avec une bonne dose de fruit, marié à des notes doucement épicées et appuyé sur une bonne base d'amertume qui contribue un brin de sévérité face à l'amabilité du fruit. Le milieu de bouche révèle un vin de corps moyen, avec un bon niveau de concentration qui convient bien au style modéré préconisé. La trame tannique est soyeuse et contribue à l'impression de finesse qui se dégage de l'ensemble. La finale reprend le thème de l'équilibre de l'harmonie et de la modération sur très bonne allonge.

Si j'avais un vin disponible à la SAQ à recommander pour la garde, à moins de 20$. Ce serait assurément ce Cab de Errazuriz. Un classique à prix modique qui année après année montre un potentiel de garde incroyable, compte tenu de son prix. Ce 2002 commence à peine sa phase de maturité, et évoluera avec grâce pour au moins les 10 prochaines années. C'est un vin qu'on peut facilement acheter en promo, moins 10%, ou à moins 15% dans les SAQ Dépôt. On peut l'acheter aujourd'hui en double promo à 15.25$ la bouteille. Ce qui est un prix totalement ridicule compte tenu de la qualité et du potentiel de garde éprouvé de ce vin année après année. Ceci dit, l'attrait de la nouveauté fait qu'on a parfois tendance à délaisser les valeurs sûres, mais cette cuvée est un des vins chiliens que j'ai toujours continué à acheter au cours des années car sa garde ne m'a jamais déçu. Ce vin pourrait facilement être placé dans un alignement de bordeaux ou de Calicabs du même âge, vendus deux à trois fois son prix, et il serait parfaitement à sa place. Oubliez son prix, ne cédez pas à l'effet Veblen inversé, et faites un superbe achat pour la cave, et n'oubliez pas que la patience n'a pas de prix!


2 commentaires:

  1. J'ai acheté quelques bouteilles de ce vin aujourd'hui à 15.25$ en profitant de la double promo. Il s'agit du 2011 et le titre alcoolique est toujours de 14%, ce qui confirme le retour à l'ancienne approche. L'étiquette a été renouvelée et est plus jolie qu'avant, plus classique. Elle ressemble à l'ancienne étiquette, avant que cette cuvée ne soit nommée "Max Reserva". On y a ajoutée la mention que le vin est issu de vieilles vignes de sols graveleux, alors que la contre-étiquette précise que ces vignes ont plus de 20 ans.

    Claude

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  2. Dernière bouteille de ce vin quatre ans plus tard. Toujours en parfaite forme et délicieux dans un style mi-évolué raffiné.

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