dimanche 1 avril 2012

Croisade contre le vin bas de gamme: Un peu de rigueur SVP

Le combat de Don Quichotte contre les mauvais vins se poursuit. Oh la la!!!! Par le biais de Vin Québec je suis tombé sur ce lien. Comme enfoncement de portes ouvertes et comme malhonnêteté intellectuelle c'est difficile à battre. On nous dit qu'on a trouvé un paquet de choses dans ces vins par analyses de laboratoire, mais quand on regarde les résultats on ne voit rien de particulier. Des taux d'alcool, des pH, des acidités, des sucres résiduels, mais aucun résultats sur des molécules particulières. De plus, rien pouvant relier ces molécules imaginaires à des maux de tête. Surtout qu'on nous dit qu'un des problèmes de ces vins est un niveau de sulfites trop bas. Voilà qui va à l'encontre d'une croyance tenace à propos de ce type de vins.

Dès le premier paragraphe on se discrédite totalement en avançant sans gêne que ces vins sont élaborés avec des "levures chimiques"!!! La réalité c'est qu'une levure chimique ça n'existe pas. C'est du grand n'importe quoi. Une levure sélectionnée n'est pas une levure chimique. C'est la même chose qu'un clone de cépage en viticulture, c'est-à-dire, un organisme naturel sélectionné pour certaines de ses caractéristiques génétiques. On avance aussi que ces vins contiennent des amines biogènes, mais sans résultats de laboratoire pour étayer cette affirmation qui me semble farfelue. Il existe justement des levures sélectionnées et des additifs nutritifs pour levures pour éviter de générer ce type de sous-produits potentiellement nocifs.

Comprenez-moi bien. Je suis le premier à penser que les vins industriels existent, et que certains, surtout les moins chers, ne sont pas élaborés sans interventions discutables. Mais en matière de vin il y a plein de choses qui sont discutables et pas seulement en ce qui concerne les vins de faible prix. Personnellement, j'aurais bien plus peur de retrouver des amines biogènes dans des vins instables microbiologiquement, comme c'est le cas des vins dits naturels. Pour ce qui est des produits de synthèse potentiellement toxiques, il faut savoir que ces vins sont testés pour ceux-ci et qu'il existe des normes. Si vous avez peur des traces de produits douteux que vous pouvez peut-être retrouver dans un verre de vin. Je vous recommanderais de ne plus acheter d'aliments transformés. Le secteur de l'alimentation est beaucoup plus touché que celui du vin et la quantité d'aliments qu'on absorbe est beaucoup plus grande que la quantité de vin.

Finalement, saviez-vous qu'un individu occidental moyen ingère 1.5 grammes de pestscides par jour, mais que seulement 0.01 gramme est un pesticide synthétique? La lecture de cet article vaut vraiment la peine si on veut arrêter de diaboliser les molécules synthétiques par rapport à celles d'origine naturelle. Ça permet aussi de comprendre que la toxicité potentielle d'un composé est une chose, mais que le risque d'effets toxiques de celui-ci est affaire d'exposition, que celui-ci soit artificiel ou naturel. Alors avant d'angoisser en buvant votre prochaine bouteille de vin, vous auriez avantage à penser d'abord à ce que vous mettez dans votre assiette. Pour ce qui est du vin, le goût de celui-ci devrait être votre unique guide. Il n'y a pas de bouteille de poison sur les tablettes de la SAQ, même si l'alcool est un produit potentiellement très toxique.

10 commentaires:

  1. Un "teaser" pour vous donner le goût de lire l'article auquel je réfère dans le dernier paragraphe de mon texte:


    "We estimate that about 99.9% of the chemicals that humans ingest are naturally occurring. The amounts of synthetic pesticide residues in plant foods are low in comparison to the amount of natural pesticides produced by plants themselves (Ames et al., 1990a, b; Gold et al., 1997a). Of all dietary pesticides that Americans eat, 99.99% are natural: They are the chemicals produced by plants to defend themselves against fungi, insects, and other animal predators. Each plant produces a different array of such chemicals (Ames et al., 1990a, b).

    We estimate that the daily average U.S. exposure to naturalpesticides in the diet is about 1500 mg and to burnt material from cooking is about 2000 mg (Ames et al., 1990b). In comparison, the total daily exposure to all synthetic pesticide residues combined is about 0.09 mg based on the sum of residues reported by the U.S. Food and Drug Administration (FDA) in its study of the 200 synthetic pesticide residues thought to be of greatest concern (Gunderson, 1988; U.S. Food and Drug Administration, 1993a). Humans ingest roughly 5000–10,000 different natural pesticides and their breakdown products (Ames et al., 1990a). Despite this enormously greater exposure to natural chemicals, among the chemicals tested in long-term bioassays in the CPDB, 77% (1050/1372) are synthetic (i.e., do not occur naturally) (Gold and Zeiger, 1997; Gold et al., 1999)."

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  2. Merci pour ta réplique de cette histoire saugrenue de Alavin. Je pense la même chose!
    Vincent

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  3. Salut Vincent,

    Saugrenu est un adjectif très approprié pour qualifier le tout. Le vieux principe voulant qu'il est plus facile de faire peur au monde que de les rassurer par la suite s'applique encore. Surtout que le monde du vin est un des domaines où il est possible d'avancer des énormités sans conséquences réelles. C'est un milieu où l'opinion illuminée est appréciée d'un certain public. Les lumières de la sciences quant à elles n'ont malheureusement pas le même impact.

    Cette histoire n'aurait pas dû avoir de publicité tellement elle est ridicule, et le paradoxe, c'est qu'en la dénonçant on contribue à lui donner de la crédibilité aux yeux de certains qui aiment la fumée artificielle...

    Claude

    *

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  4. Me voilà rebaptisé Marcel maintenant sur Vin Québec!!! Délirant cette histoire. Belle job sur FDV pour démasquer qui se cache derrière tout ça. Petit monde...

    Claude

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  5. Très bonne réplique.

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  6. Enfin, un peu de sérieux dans cette histoire rocambolesque.

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  7. JE NE CROIS PAS QU'ILS SONT SUR LA BONNE VOIE POUR PROMOUVOIR LEUR OBJECTIF: RENDRE LE VIN PLUS ACCESSIBLE.
    J'espère que le Québec ne suivra pas l'Alberta...

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  8. Bonne réponse en effet ! Il est déplorable de voir la malhonnêteté intellectuelle de certains ! Dans le fond, il semblerait que l'auteur en veuille plus au système du monopole qu'aux vins eux mêmes mais s'attaquer au chien lorsqu'on veut tuer le maître n'a jamais été la solution.

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  9. Surtout qu'il est lui-même importateur de vins. Si sa démarche est incohérente, on ne peut pas dire qu'elle apparaît désintéressée. Je ne suis pas de ceux qui pensent que la SAQ est un modèle parfait. J'aimerais que l'accès aux vins d'importations privées soient plus facile. Mais il est clair qu'en terme d'assurance qualité, un monopole ayant les moyens de la SAQ est plus rassurant qu'un marché totalement libre.

    Claude

    *

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  10. Parfaitement d'accord pour l'import privé.
    Leur article sur les cavistes est dénué de bon sens, même arithmétiquement.

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