Vina Antiyal est le projet personnel du winemaker chilien le plus réputé, Alvaro Espinoza. Celui-ci est connu surtout pour son travail de pionnier dans le développement de la culture biologique et biodynamique au Chili. Kuyen veut dire lune en language indigène Mapuche, ce qui cadre bien avec l'approche ésotérique de son auteur. Cette cuvée est le deuxième vin de la maison. Il s'agit d'un assemblage de Syrah (47%), de Cabernet Sauvignon (43%) et de Carmenère (10%). Le vin a été élevé en barriques de chêne français d'âge non spécifié. Il titre à 14.5% d'alcool.
La robe est foncée et opaque. Au nez, c'est le caractère Maipo qui prend le pas sur celui des cépages de l'assemblage avec des notes de menthol et de terre humide qui accompagnent des arômes de cassis et autres fruits noirs. Cette impression de boire une région se poursuit en bouche, et pour qui aime le caractère particulier des jeunes rouges de Maipo, le service est complet. Le vin montre une belle souplesse en attaque et des saveurs qui ont de l'éclat, aidées en cela par une bonne acidité. Une juste dose d'amertume contribue à l'équilibre d'ensemble et apporte un léger trait chocolatée à la palette de saveurs. Le niveau de concentration est bon et typique des rouges chiliens de type « Reserva ». La finale est agréable, avec un sursaut d'intensité et des tanins qui montrent un peu de poigne en toute fin de parcours sur des relents amers de chocolat noir.
Après le 2006, c'est le deuxième millésime de ce vin que j'ai l'occasion de goûter. Celui-ci ne montre pas le caractère prématurément évolué que j'avais perçu dans le 2006, même si un aspect terreux, proche des feuille mortes, est présent dans le profil aromatique. C'est aussi un vin qui reflète très bien son lieu d'origine, et ce lieu n'est pas le Chili, mais bien la vallée de Maipo. C'est donc un vin impeccable dans son style, un vin qui m'a donné du plaisir, mais à 27$ la bouteille, il ne montre pas un RQP très favorable par rapport à d'autres vins chiliens de cette origine, de ce style et de ce niveau qualitatif. Comprenez-moi bien, à ce prix c'est meilleur que bien des vins plus chers, mais dans le contexte chilien, le prix semble un peu trop élevé. Bien sûr, c'est un vin acheté en importation privée, et selon mon expérience, les vins achetés par ce canal sont toujours un peu plus chers que des équivalents vendus en succursale. C'est aussi un vin de petit producteur ayant une bonne réputation et adepte de la biodynamie. Probablement que ce facteur joue aussi sur la prime demandée, même si le caractère biologique ou biodynamique ne semble pas jouer de rôle déterminant sur la qualité finale du produit. Le caractère bio pour moi ne se goûte pas, dans ce vin comme dans tous ceux de ce genre que j'ai pu déguster. Le sérieux du producteur semble être le facteur critique pour assurer la qualité, et Alvaro Espinoza est définitivement un producteur sérieux, malgré son adhésion à la biodynamie et en même temps à cause de celle-ci. C'est là le paradoxe de la plupart des disciples des théories fumeuses de Rudolph Steiner. Ce sont souvent des vignerons dédiés à la qualité et très minutieux qui à mon sens finissent par franchir le pas de la superstition dans leur quête d'excellence. En conclusion, beau vin très agréable, dont il me reste deux bouteilles pour en suivre l'évolution.
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