samedi 5 mars 2011

PINOT NOIR, RESERVA, 2008, CASABLANCA, VINA MORANDÉ



Je continue de passer en revue les quelques vins de Pinot Noir chiliens sur lesquels j’ai pu récemment mettre la patte. Cette fois-ci on continue avec un autre vin venant de la vallée de Casablanca, et produit par Pablo Morandé, une figure de proue de l’oenologie chilienne, et l’homme à l’origine du développement de la vallée de Casablanca y ayant planté les premières vignes en 1982 à titre personnel, car son employeur du temps, Concha y Toro, ne croyait dans le potentiel de la vallée. Les choses ont bien changé depuis, n’empêche que cette décision de Morandé marquait le premier pas du Chili vinicole hors du confort de la chaude vallée centrale. Bien d’autres pas allaient suivre par la suite, pour amplifier le mouvement vers des régions plus fraîches, ce qui permet aujourd’hui au Chili d’être un pays à l’offre beaucoup plus diversifiée et à la qualité croissante. Après avoir quitté Concha y Toro, Pablo Morandé a fondé Vina Morandé en 1996 avec l’aide de partenaires financiers. Il y a eu des hauts et des bas lors des premières années, mais c’est aujourd’hui une maison qui produit une gamme variée de vins provenant de plusieurs régions du pays. C’est aussi un producteur qui sous l’impulsion de son fondateur continue d’innover, le meilleur exemple étant la plantation en 2004 et 2005 de deux nouveaux vignobles qui fonderont l’assise de la maison pour les années à venir. Ces deux vignobles, dont l’un est situé dans Casablanca, et l’autre dans l’alto Maipo, sont caractérisés par une très forte densité de 10,000 plants à l’hectare, alors que la norme chilienne se situe autour de 4,000. La densification de la plantation, tout comme la plantation à flanc de montagne et l’usage de porte-greffes sont des pratiques qui gagnent de plus en plus d’adeptes au Chili chez les producteurs ayant de hautes ambitions qualitatives. Bien sûr, cet abordable Pinot Noir, Reserva, n’a pas cette ambition. Il ne vient d’ailleurs pas du nouveau vignoble à haute densité, mais d’un vignoble voisin plus ancien. Il est élaboré par Macarena Morandé, la fille de Pablo qui suit les traces de son père. Les vendanges sont manuelles, suivies par une longue macération à froid, et d’une fermentation à basse température ayant pour but de générer des arômes plus délicats. Le vin est ensuite élevé pendant 10 mois en tonneaux de chêne français. Il titre à 14.6% d’alcool pour un pH de 3.38 et 2.5 grammes par litre de sucres résiduels.

La robe est d’un beau rubis éclatant et translucide, Le nez est séduisant et dégage un heureux mélange d’arômes de fruits rouges (cerise, fraise), de réglisse et de pâtisserie, complétés par une note terreuse et très léger aspect végétal frais. En bouche, le vin est d’une belle fraîcheur, avec un fruité vif et intense et une faible extraction tannique. Cette très faible présence tannique fait qu’on se retrouve avec un rouge qui donne une impression tactile en bouche le rapprochant d’un vin blanc. La bonne concentration de saveurs donne une belle présence au vin en milieu de bouche. La finale est harmonieuse, avec une persistance de bon niveau.

Ce vin se vend pour environ la moitié du prix du Tobiano de Kingston ou du 20 Barrels de Cono Sur, mais pour employer un cliché, je dirais il est bien loin d’être la moitié moins bon. En fait, je dirais qu’il se situe pas très loin derrière les deux autres en terme de qualité, et que certains dégustateurs pourraient même le préférer à cause de son aspect tannique très léger. Une chose est sûre, à seulement 15$ il s’agit d’un super RQP et assurément le meilleur vin de Pinot Noir de ce prix que j’ai eu la chance de goûter. Qu’un vin de ce prix puisse offrir un tel niveau de qualité me semble un signe très positif en ce qui a trait au potentiel de ce cépage au Chili. Pour ce qui est de Vina Morandé, la cuvée House of Morandé, 2001, m’a déjà prouvé le haut niveau qualitatif que ce producteur peut atteindre. Il faut savoir que Pablo Morandé est celui qui a créé le fameux Don Melchor de Concha y Toro. Toutefois, j’aimerais bien découvrir d’autres vins de ce producteur dans le futur, dont un Carignan de Maule qui est semble-t-il très bon. J’aimerais aussi pouvoir goûter les résultats issus de ces deux jeunes vignobles plantés à haute densité. Le Chili continue d’évoluer rapidement, et Vina Morandé est assurément un des producteurs à suivre dans ce contexte.


*

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire