samedi 28 août 2010

CABERNET SAUVIGNON, 2001, MAIPO, ARBOLEDA



Petit vendredi soir tranquille après une grosse semaine au travail. Je décide de m’ouvrir un Cabernet de Maipo avec un peu d’âge. Je n’ai pas encore assez de ces vins pour en ouvrir aussi souvent que je le voudrais. Toutefois, ces dernières années j’ai acheté en grandes quantités ce type de vins, dans le but justement de pouvoir un jour en ouvrir plus fréquemment, sans arrière-pensées. Il faut dire que pour moi les Cabernets de Maipo de ce genre on fait leurs preuves pour la moyenne garde. Je ne compte plus les beaux moments que m’ont donné des vins comme le “Medalla Real” de Santa Rita, l’”Antiguas Reservas” de Cousino Macul, le “Reserva de Familia” de Santa Carolina, ou encore la cuvée “Gran Reserva” de Tarapaca. Dans ce cas-ci, contrairement aux exemples ci-haut mentionnés, il s’agit d’un vin sans tradition. Une cuvée des premières années de Arboleda qui n’avait alors pas ses propres vignobles. Pour compenser, on pigeait ici et là dans les vignobles du groupe Errazuriz/Chadwick. Aujourd’hui, ce vin est élaboré à partir des nouveaux vignobles de cette “boutique winery” situés au coeur de la vallée d’Aconcagua. Il ne faut donc pas confondre le vin de Maipo dont il est question ici avec celui du même nom actuellement offert à la SAQ. Ils proviennent de deux terroirs différents.

La robe est encore foncée, bien que légèrement translucide. Elle ne montre pas de signe évident d’évolution. Le nez quant à lui révèle un très beau profil de Cab saisit à un moment très heureux de son évolution. C’est vraiment très beau, à la fois délicat et complexe, avec un profil où le fruit domine encore, mais où tous les éléments ont été altérés au fil du temps. En ce sens, c’est un profil que je qualifierais de “évolué-jeune”, bien que de façon plus classique certains diraient plutôt un profil secondaire. Comme je le disais, c’est encore le fruit qui tient l’avant-scène, mais ce n’est plus le fruité de jeunesse, même chose pour les subtiles notes boisées. Malheureusement, il est impossible pour moi de mettre cette différence clairement en mots. Par exemple, le nez montre du fruit rouge se rapprochant pour moi de la cerise, mais je ne peux verbaliser la différence entre cerise jeune et cerise évoluée. Toujours est-il qu’en plus de la cerise, on retrouve aussi des notes de bois de cèdre, de terre humide, de menthol, de vanille, ainsi qu’un léger aspect torréfié. En bouche, on retrouve un vin où le caractère fondu se révèle dès le départ. C’est souple, soyeux et délicat. Tout se passe en douceur. La palette de saveurs reflète bien ce qui était perçu au nez, avec toujours ce caractère “évolué-jeune” évoqué plus tôt. Le milieu de bouche montre un bel équilibre, avec des proportions bien ajustées. Le vin a encore du corps et un bon tonus, mais rien ne semble excessif. Les angles sont arrondis et le tout coule facilement avec beaucoup de plaisir. La finale poursuit dans la veine de la finesse et de l’harmonie, avec une bonne longueur aux rémanences finement amères de chocolat noir.

L’ouverture d’une bouteille de ce genre me réconforte dans la validité de ma démarche en matière de garde. Une démarche que je pourrais qualifier d’inorthodoxe, même si certains pourraient plutôt y voir une forme obstinée de snobisme inversé. Sincèrement, j’ai trouvé ce vin excellent, fidèle à l’idée que je me fait d’un bon Cab de Maipo d’une dizaine d’année. Un vin ayant perdu une bonne partie de sa “typicité” chilienne de prime jeunesse, pour laisser la place aux vertus de ce cépage lorsque le temps a pu y appliquer modérément sa patine. Un vin entre deux âges donc, dont le caractère particulier est très difficile à mettre en mots. Un vin encore en parfaite forme, qui n’a pas entrepris un quelconque déclin, mais montrant un profil que seul le temps en bouteille peut procurer. Quand je pense que j’ai payé ce vin 17.95$ il y a 5 ans. La beauté de la chose, c’est que les prix des Cabs de Maipo de ce niveau sont stables. Pas d’inflation démesurée à la bordelaise, ni de prix gonflés aux gros scores des critiques américains. En fait, depuis 12 ans que je m’intéresse plus sérieusement au vin, le prix de ce type de cuvées chiliennes n’a pas bougé. L’acheteur avisé peut se procurer de réels bijoux dans la gamme 15-20$. Des vins étonnamment civilisés, propres, sans excès d’extraction, de concentration ou de boisé. Des vins où on ne cherche pas à en faire beaucoup dans le but d’impressionner. Ironiquement, c’est ce manque de grandes ambitions qui semble jouer en leur faveur. Le genre de vin pour qui veut être charmé, plutôt qu’impressionné.


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