mercredi 15 avril 2015

Le biologique, un problème, vraiment?

Ceux qui lisent ce blogue avec régularité savent que je suis aux antipodes du courant actuellement à la mode du vin dit naturel. J'ai aussi de grosses réserves à propos du côté ésotérique de ce qu'on appelle la biodynamie. Vin "naturel" et biodynamie vont souvent de pair. J'ai aussi toujours été contre le vin élaboré avec un souci d'intervention minimale. J'ai toujours été pour le vin élaboré de façon raisonnable, biologique si c'est possible, mais pas nécessairement biologique. En résumé, j'ai toujours été contre le vin idéologique. Contre le vin où l'on tente de nous faire croire que l'intervention humaine est nécessairement mauvaise. Contre le vin où l'on compromet la qualité pour rester fidèle à des idéaux creux.

Voilà. telle est ma position sur le sujet, et j'en ai toujours eu contre les défauts issus de cette idéologie d'intervention minimale et de bienveillance de la nature. J'en ai toujours eu contre les vins brettés, oxydés et instables dès qu'ils sont exposés à des températures excédant 12 degrés Celcius. Voilà donc que je tombe aujourd'hui sur un texte de Marc-André Gagnon sur Vin Québec qui rapporte ses déboires avec des vins biologiques. J'aimerais dire à M. Gagnon que ce n'est pas le concept de vin biologique qui est en cause pour expliquer la faiblesse générale des vins de cette catégorie. Quand je parle de faiblesse, je parle du manque de résistance de plusieurs de ces vins hors des conditions idéales de garde. Le concept de vin biologique n'exclut pas de sulfiter le vin de manière suffisante. Il n'exclut pas non plus de filtrer le vin avant la mise en bouteille. Si vous sulfitez peu, et ne filtrez pas non plus, alors vous ouvrez la porte à toutes sortes de problèmes par la suite. Si vous élaborez un vin de la sorte, vous devriez vous assurer qu'il soit ensuite traité comme un produit périssable. Le problème c'est que plusieurs tenants du bio font dans la pensée magique et font fi de principes scientifiques de base. La diabolisation des sulfites est une aberration. Les sulfites sont un produit naturel. La fermentation alcoolique en produit une bonne dose. De plus, les sulfites disparaissent du vin avec une période de garde de 7 à 10 ans. Une cave à vin remplie de vins d'un certain âge est encore le meilleur moyen de boire du vin sans sulfites, mais du vin qui en a contenu auparavant et qui a permis une saine constitution de celui-ci au moment de le déguster.

Je sais que ce petit blogue n'a aucune influence et que je prêche dans le désert, mais il faut arrêter avec le délire de la non intervention et de la nature bienveillante. Je sais qu'on vit dans un monde où plein de produits alimentaires sont traficotés. Mais il ne faut pas pour autant tomber dans la paranoïa. Il existe une multitude de vins élaborés en toute intégrité par des producteurs consciencieux dont le seul but est d'offrir un produit de haute qualité, sans "manipulations". La majorité des producteurs de bonne réputation élaborent leurs vins de manière raisonnable. Viticulture raisonnée et même approche au chai. On ne fait que ce qui est nécessaire. La qualité du vin repose dans l'équilibre, c'est vrai pour le goût du vin, mais c'est vrai aussi pour la manière dont il est élaboré. Oui il y a des producteurs qui fabriquent des vins purement industriels, mais ils sont assez faciles à identifier et à éviter. Cependant, il y a aussi nombre de producteurs qui tentent de surfer sur la vague de la pseudo vertu naturelle en omettant de faire ce qu'il faut pour élaborer du vin stable et de qualité. Ceux-ci abusent autant des consommateurs que les fabricants de vins "manipulés". Comme on dit, trop c'est comme pas assez, et ce qui s'éloigne de la juste mesure, d'un côté ou de l'autre, finit par se rejoindre et être, en un sens, du pareil au même, soit du mauvais vin.



P.S.: Félicitations à Marc-André Gagnon d'avoir écrit un texte qui expose les faiblesses d'une catégorie de vins qu'il affectionne. Ceci dit, je le répète, ce n'est pas le concept de vins biologiques qui est en cause. Le vin bio bien élaboré, assez sulfité et filtré de manière adéquate, au besoin, sera tout aussi stable qu'un vin conventionnel.

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