lundi 12 janvier 2015

REVUE DE PRESSE

Je suis tombé sur quelques articles intéressants dernièrement. D'abord un autre chroniqueur vin du Canada anglophone, John Szabo, y va d'un texte de fond sur le Nouveau-Chili. Cette fois, pas de conseils sur ce que devrait faire ce pays pour obtenir une meilleure reconnaissance. Juste un constat clair sur la montée en force de ce pays mal aimé. Aussi, je reprochais à Bill Zacharkiw de The Gazette d'avoir négligé de mentionner le potentiel de garde des rouges chiliens de prix abordables dans un texte récent qu'il a écrit sur ce pays. Il se reprend en incluant un excellent vin chilien dans une courte liste de suggestions de vins de prix abordables pour la garde. J'ajouterais toutefois que 2020 devrait être le début de la fenêtre de garde pour l'Intriga, 2011, pas la fin. En 2020, ce vin ne fera que commencer à offrir le profil qu'on recherche dans un Cabernet avec de l'âge. C'est en fait un vin qui pourrait être gardé au moins 25 ans. Ceci dit, c'est quand même bien de voir un chilien dans une telle liste. Les mentalités évoluent lentement, dommage que ce ne soit que du côté anglophone. La résistance au Chili du côté de la presse francophone est encore totale.

Cette fois, du côté du Royaume-Uni, un article qui montre toute la difficulté pour le Chili vinicole d'obtenir une reconnaissance à la hauteur de la qualité de ses vins. Concha y Toro en collaboration avec le magazine Drink Business a organisé une dégustation à l'aveugle avec certains des acheteurs les plus respectés du pays. Quatre vins de la gamme Marques de Casa Concha (Sauvignon Blanc, Chardonnay, Pinot Noir et Cabernet Sauvignon) ont été servis à l'aveugle face à des vins français issus des même cépages et considérés comme des références dans leur gamme de prix sur le marché britannique. Le but étant de démontrer la qualité des vins chiliens pour briser le prix de 10 livres sterling (18$ CAN) qui représente la limite psychologique de la très grande majorité des consommateurs dans ce marché. Les quatre vins chiliens ont été les favoris de ces acheteurs à l'aveugle, mais malgré cela, ces acheteurs avaient des doutes sur la possibilité de vendre facilement ces vins à ce prix à cause du manque de reconnaissance des vins chiliens auprès de la clientèle prête à payer plus cher pour une bonne bouteille. Le Carmenère, Marques de Casa Concha et le Don Melchor furent aussi servis et appréciés des acheteurs, mais le Don Melchor, était considéré comme difficile à vendre à 80$, non pas à cause de sa qualité, mais lui aussi à cause de son origine. Ça revient toujours à ça. Le problème des vins chiliens c'est de venir du Chili...

Ceci dit, un autre article du même magazine rapporte que les choses vont bien pour Eduardo Chadwick et ses vins très chers. Toutefois, il note que le marché britannique est difficile à percer à cause de l'habitude des amateurs de ce pays avec les classiques européens et que le gros des ventes pour ses vins de luxe se fait en Asie. La reconnaissance pour le Chili passera peut-être par ce continent en émergence. À noter que M. Chadwick a tenu une dégustation à Montréal cet automne pour célébrer le dixième anniversaire du "Berlin tasting" où il a commencé à opposer ses vins de luxe en semi-aveugle à des grands noms européens. Je n'ai rien trouvé dans la presse québécoise à ce sujet, si ce n'est sur des blogues ici, ici et ici.


2 commentaires:

  1. Bonjour Claude,

    Un article de Tim Atkins est aussi bien intéressant et parle entre autre que c'est en restant sur ses origines qu'un pays se démarquera et non en cherchant à suivre les tendances. Cet article focus sur ce que le Nouveau Chili est en train de faire:

    http://www.timatkin.com/articles?1492

    Patrick

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  2. Salut Patrick,

    L'article est plutôt d'un dénommé Matt Walls. J'ai de la misère avec ce type de propos car dans le monde du vin il y a un double standard. Tous les pays ne sont pas égaux. L'amateur qui progresse dans le monde du vin fera l'effort pour s'adapter aux vins de régions renommées comme Chablis ou Barolo. Il se dira que s'il n'aime pas ça du premier coup, que c'est lui le problème car les vins de ces régions sont reconnus. Toutefois, devant un vin chilien ou sud-africain, si le vin déplaît au premier abord, il est condamné, et souvent le pays en entier y passe. Les producteurs chiliens n'ont pas le luxe d'avoir des consommateurs prêts à apprendre à aimer leurs vins. Ça passe ou ça casse dès le départ.

    Pour le reste, quand je vois l'auteur décrire péjorativement les vins du Chili comme propres, fruités et peu dispendieux. Je regrette. Ce sont ces qualités qui m'ont attiré vers les vins de ce pays. Pour moi il est primordial qu'un vin soit propre et fruité. Ce sont des qualités essentielles. Ensuite, il peut y avoir bien d'autres choses, mais sans propreté et fruité, je décroche.

    Pour ce qui est de l'exemple de De Martino, je n'ai rien contre leur virage, sauf que je le trouve un peu idéologique. J'ai de la misère avec l'idée que les vins boisés à 14.5% d'alcool qu'ils faisaient avant étaient mauvais. J'ai encore du Cab, Legado, 2002 et 2003 en cave. Ces vins ont vu du bois neuf, ils titrent à 14.5% et sont présentement superbes. Donc, il faut en prendre et en laisser. Tant mieux si des producteurs font maintenant des vins au fruit moins mature et avec des taux d'alcool plus bas, mais ça ne veut pas dire que l'autre style est mauvais. D'ailleurs, je lisais récemment un compte-rendu de dégustation de Peter Richards à propos des bordeaux 2010. C'était intéressant de voir les différences dans les titres alcooliques. Ça allait de 13% à 16%. Son favori, Lafite-Rothschild titre à 13% et son troisième favori, Angélus, titre à 15.5%. Le vin en quatrième place, Pontet-Canet, titre à 14.5% et c'est un vin biodynamique non interventionniste. La preuve qu'il n'y a pas de recette toute faite en matière de vins. Toutes les combinaisons sont possibles et c'est ce qui ajoute à la diversité. On voit aussi qu'un grand millésime à Bordeaux donne des taux d'alcool similaires à ceux de l'Alto Maipo. Vive la diverstité! À bas les dogmes! Salut.

    Claude


    http://susieandpeter.com/bordeaux-2010



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