vendredi 24 mai 2013

La phobie des sulfites affectent maintenant le potentiel de garde des vins rouges

Désolé pour ceux qui ont visité ce blogue en vain au cours du dernier mois. J'avais des choses plus vitales à faire qu'écrire sur le vin. Toutefois, je suis tombé sur un article de Decanter, par le biais de FDV, qui révèle que certains vins rouges commenceraient eux aussi à montrer des signes d'oxydation prématurée. Comme l'explique bien Denis Dubourdieu, la recherche de maturité qui mène à des vendanges plus tardives est un problème. Plus la maturité du raisin est grande, plus son acidité naturelle est faible. Si vous alliez à cela une idéologie non interventionniste, vous ouvrez la porte aux problèmes d'oxydation hâtive car les non interventionnistes sont réticents à acidifier, et à sulfiter. Un vin peu acide demande plus de sulfitage pour que celui-ci soit efficace. À l'inverse, si on veut moins sulfiter, il faudrait acidifier pour rendre les sulfites plus efficaces. Si on récolte des raisins très matures en refusant ou en minimisant l'acidification et le sulfitage, on obtiendra un vin plus vulnérable à l'action de l'oxygène. Comme on le dit dans l'article, l'usage du bois neuf va aussi dans ce sens, car le bois neuf permet une micro-oxygénation du vin en cours d'élevage. Pour un vin qui montre une faible résistance à l'oxygène, ce n'est pas une bonne idée.

Si vous êtes un fervent de la tendance minimaliste et dite "naturelle" dans l'élaboration du vin, et qu'en même temps vous êtes amateur de vins bien évolués. Vous risquez d'avoir des problèmes et des mauvaises surprises dans quelques années, et je n'aborde même pas l'aspect de l'instabilité microbiologique qui peut s'ajouter aux problèmes d'oxydation. Tim Atkin, un chroniqueur vin britannique bien connu a déjà soulevé un tollé au Chili en comparant les vins de ce pays aux automobiles de marque Volvo. Il voulait dire par là que les vins de ce pays étaient de bonne qualité, fiables et sans surprises. C'était une image, bien sûr, mais plus j'évolue dans le monde du vin plus je m'aperçois qu'elle était bonne, et que ça explique en partie mon intérêt pour les vins chiliens. Les vins du Chili sont généralement des vins très stables et suffisamment sulfités. Cela explique en partie, selon moi, le très bon potentiel de garde des vins de ce pays. Pas de déviations microbiologiques, pas d'oxydation prématurée, et cela n'empêche pas ces vins, au contraire, de refléter avec éclat, en jeunesse, le terroir d'où ils proviennent, et d'évoluer admirablement avec le temps. Je le répète, même si c'est une simplification, mais si vous avez peur des sulfites et aimez les vins de garde, vous avez un problème.


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