samedi 6 avril 2013

CABERNET SAUVIGNON, 2010, ACONCAGUA, VINA ARBOLEDA




Après mon texte précédant sur Neil Martin et sa vision alambiquée du Chili. J'ai eu le goût de déguster un vin qu'il avait bien noté par rapport à ses pairs et par rapport à des vins plus réputés et beaucoup plus chers pour voir si ce vin se démarquait. Pour voir si il justifiait une note exemplaire de 90. Ce Cabernet de Arboleda est un vin que j'apprécie depuis plusieurs millésimes dont j'ai de nombreux exemplaires en cave. C'est à mon avis un bel exemple de Cab chilen de type Reserva, vendu autour de 20$ la bouteille. Sur ce blogue j'ai déjà commenté le millésime 2008 de ce vin. Dans le cas de ce 2010, il s'agit d'un assemblage comprenant 7% de Cabernet Franc et 3% de Petit Verdot. Il titre à 14% d'alcool, pour un pH de 3.61 et est bien sec avec 2.70 g/L de sucres résiduels.

La robe est sombre et opaque. Le nez est beau et typique, avec des arômes de cassis frais et de cerise, amalgamés à des notes de bois de cèdre, de menthol, de vanille, de terre noire, de poivron vert et de chocolat noir. Belle expression chilienne du Cabernet Sauvignon en prime jeunesse, avec un apport boisé bien dosé. En bouche, on retrouve un vin modelé sur la tradition des rouges chiliens de type Reserva. Il offre de belles proportions, une bonne matière, de la concentration, mais en évitant la lourdeur et l'excès. Il montre aussi une belle finesse tannique qui contribue à le rendre facile à boire. La finale est harmonieuse et intense, avec une longueur de très bon calibre.

Que dire de plus à propos de ce vin sinon qu'il est bel et bien exemplaire. C'est un vin qui pour moi représente l'essence du Cab chilien de type Reserva. C'est à dire un Cabernet de milieu de gamme, de prix abordable, influencé par l'élevage en barriques de chêne, mais dans lequel on ne pousse pas les choses dans le but d'impressionner. Le résultat c'est un vin qui révèle très bien le terroir d'où il est issu et qui est facile à boire en jeunesse, tout en ayant un fort potentiel de garde et d'évolution en bouteille. Un vin mesuré qui n'a pas besoin d'artifices pour être agréable et intéressant. La SAQ demande 19.95$ pour une bouteille de ce vin, mais comme tous les vins chiliens, il peut facilement être acheté en promotion à 17.95$. J'ai souvent pu acheter ce vin en double promotion pour environ 16$ la bouteille. Peu importe, même au prix régulier, c'est un achat très avisé. Un vin que je n'aurais pas peur de mettre dans un alignement de bordeaux vendus au moins deux fois son prix, maintenant ou dans dix ans. Aujourd'hui ce qui le distingue transparaîtrait, alors que dans dix ans ce qui ressemble confondrait.

Cela dit, je ne comprends toujours pas ce qui justifie la note de 90 obtenue par ce vin par rapport à d'autres vins tout aussi bons, sinon meilleurs qui ont été notés bien plus bas. Comment ce vin peut valoir un 90 et le Cabernet Sauvignon, Marques de Casa Concha, 2010, valoir 82 points? Ça dépasse mon entendement. Les exemples de comparaisons qui ne tiennent pas la route sont tellement nombreux que ça ne sert à rien d'en faire la liste. Mon but n'est pas de dire que ce vin ne mérite pas une note de 90. Je ne vois juste pas la cohérence avec plein d'autres vins tout aussi bons et moins bien notés. Il y a aussi des vins plus concentrés et plus longs qui ont besoin de temps en bouteille et qui sont plus mal notés. Il donc difficile de comprendre les critères objectifs derrières les notes. Si c'est juste une question de goût personnel, ou d'impression du moment dans une dégustation marathon, alors ce système est encore plus ridicule. Tout cela pour dire que le 90 donné à ce vin ne vient rien dire car il n'est pas fixé dans un cadre cohérent et qu'à mon avis cette cohérence est inatteignable par les seuls sens de l'odorat et du goût. Dans le cadre européen les notes semblent parfois moins aléatoires car il existe une forte hiérarchisation et que beaucoup de critiques donnent des notes. Toutefois, dans un pays méconnu comme le Chili, un dégustateur étranger qui débarque expose encore plus l'invalidité du système car il a peu de repères. Je pense que c'est ce que Neil Martin a démontré avec sa monstrueuse séries de notes. Je lisais un article dernièrement où même Parker, le concepteur de ce système farfelu de notation, ne pouvait s'y retrouver en semi-aveugle sur un terrain qu'il fréquente assidument depuis 40 ans. Alors imaginez ce pauvre Neil Martin qui débarque pour la première fois au Chili en devant donner des notes intensivement à plus de 1000 vins. Une triste farce.


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