mardi 16 août 2011

CHARDONNAY, RESERVA ESPECIAL, 2008, LIMARI, MAYCAS DEL LIMARI




Après avoir beaucoup lu à propos de ce projet. J'ai finalement la chance de goûter mon premier vin de Maycas de Limari. Contrairement à bien des amateurs qui ne jurent que par les petits producteurs indépendants. Je suis aussi intéressé de voir comment de très gros joueurs peuvent arriver à réconcilier l'aspect purement commercial, à la quête de faire mieux en augmentant la diversité. Au Chili, où la scène vinicole est dominée par quelques joueurs importants, cette flexibilité et cette ouverture d'esprit de la part des géants est primordiale pour favoriser la progression du secteur dans son ensemble. À ce titre, Concha y Toro fait figure d'exemple à suivre. Il s'agit d'un des plus grands producteurs au monde, qui exploite avec succès des lignes de vins industriels de qualité, comme la gamme Casilliero del Diablo, mais qui en même temps permet au responsable de cette gamme de vins sans identité précise, Marcelo Papa, de lancer un projet axé sur l'identité et l'innovation. Ce projet c'est bien sûr Maycas Del Limari. Papa a réussi, en 2005, à convaincre les grands partons de Concha y Toro d'investir massivement dans cette nouvelle région avec la conviction qu'on pouvait y produire des vins distinctifs et de grande qualité. Il faut dire que Papa avait excellé non seulement à la tête de la vaste gamme Casilliero del Diablo, mais aussi à la tête de l'excellente gamme Marquès de Casa Concha. Il est clair que l'homme a du talent et qu'il avait accumulé le capital de crédibilité nécessaire pour convaincre ses patrons du bien fondé des ses convictions par rapport au potentiel du terroir de Limari. Mais c'est aussi la preuve qu'il est possible d'innover, même si on évolue au sein d'une très grande entreprise. Ce qui compte, ce n'est pas la taille, mais bien le désir d'exceller. Pour ce qui est de ce Chardonnay, Reserva Especial, 2008, il provient du lieu appelé Quebrada Seca, qui avec son climat frais et son sol riche en calcaire est considérée pour le moment comme le meilleur endroit de Limari pour produire des vins de Chardonnay. Le vin a été élevé en barriques de chêne français pendant 12 mois. Il titre à 14.2% d'alcool, et est bien sec avec 1.8 grammes de sucres résiduels.

La robe est d'une belle teinte dorée bien soutenue. Le nez est très typique du cépage avec des arômes de pêche, d'abricot et de poire, soutenus par un léger trait citronné et complétés par de fines notes de fumée et d'épices douces. En bouche, l'attaque est d'un bel équilibre, ample et souple, et déployant un généreux fruité mâtiné de légères notes caramélisées. Au niveau tactile, le vin montre un bon gras, ce qui le rend presque onctueux, même si une douce acidité est bien présente pour préserver l'équilibre d'ensemble. Le vin est concentré, et de bon volume, ce qui lui donne une bonne présence en milieu de bouche. La finale est harmonieuse et longue.

Ce Reserva Especial de Maycas de Limari est assurément parmi les meilleurs exemples chiliens de ce cépage qu'il m'ait été donné de déguster. À titre d'exemple, et pour demeurer dans le Nouveau-Monde, c'est un vin qui en terme de style et de niveau qualitatif se compare à des vins comme le Chardonnay, Estate, de Kumeu River, ou encore la cuvée Five Soldiers de Rustenberg. Dans ces circonstances, le prix demandé à la SAQ de 25.25$ m'apparaît comme parfaitement justifié. Pour être plus juste, je dirais qu'à ce prix ce vin constitue une aubaine. Mais au-delà du prix, ce vin est un bon exemple pour illustrer les progrès qui découlent du développement du nouveau Chili vinicole. Une autre preuve que la révolution terroir menée dans ce pays porte ses fruits. Et ce n'est que le début de cette aventure. En terminant, le producteur indique un potentiel de garde allant jusqu'à 2017 pour ce vin. Voilà qui m'incite à poursuivre mes expériences de garde avec les blancs chiliens de climat frais. Étant donné la courte histoire de la région, 2017 est seulement une estimation. Mais c'est quand même ironique de voir le producteur d'un vin d'une toute nouvelle région être plus confiant dans le potentiel de garde de son vin qu'on ne l'est parfois avec de grands vins venant du berceau de ce cépage...

9 commentaires:

  1. Lequel arrive en premier selon toi, le chardo de Maycas del Limari, le Chocalan ou le 20 Barrels de Cono Sur ? Est-ce que le style diffère trop entre ces vins pour trancher ?

    Patrick

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  2. Le Chocalan et le Cono Sur sont de profils plus acides et citronnés, alors que le Maycas est plus tendre et mûr, avec une présence boisée un brin plus marquée. En terme de concentration, le Cono Sur est probablement devant, suivi d'assez près par le Maycas et avec la Chocolan un peu en retrait. Maitenant, à savoir lequel est le meilleur, c'est une question de goût ou de préférence à un moment donné. Ceci dit, le plus fidèle à l'archétype Chardonnay est assurément le Maycas.

    Claude

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  3. Je vais probablement essayer ce Maycas plutôt que le Chocalan alors. Reste que le Cono Sur est plus qu'excellent !

    Patrick

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  4. Ah la fameuse concentration! C'est le critère principal sur lequel les notes sur 100 sont octroyées, mais moins concentré ne veut pas nécessairement dire moins bon. Ça dépend de ce qu'on veut et de ce dont on a envie à un moment précis. Le Chocalan vaut la peine d'être essayé. Plus "chabliesque" que les deux autres et pas nécessairement moins bon.

    Claude

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  5. Bon ben, je vais essayer aussi ! Reste qu'il faut faire des choix parfois :)

    Patrick

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  6. Patrick,

    Tu fais ce que tu veux. Tu pourrais aussi choisir d'en essayer aucun. Je soulignais seulement que dès qu'on dit qu'un vin est plus concentré qu'un autre, on a tendance à croire qu'il est forcément meilleur, et je ne parlais pas juste de toi. C'est une réaction très répandue et j'y ai moi-même longtemps succombé. Ceci dit il se peut aussi que dans certains cas on préfére un vin plus concentré à un autre qui l'est moins. Ce que je dis c'est qu'il ne devrait pas l'être en se basant uniquement sur ce critère.

    Claude

    *

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  7. J'ai dit que j'allais goûter au Chocalan principalement parce que tu fais un lien avec un style plus Chablis que j'aime bien. Pour ce qui est de la concentration, plus n'est pas toujours mieux. J'ai laissé passer le Arboleda car suite à des lectures il semblait trop concentré pour mes goûts...

    Patrick

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  8. J'ai finalement goûté le Maycas, dont voici le cr: http://fouduvin.ca/viewtopic.php?f=16&t=19552

    Je dois avouer que j'ai une légère préférence personnelle pour le Cono Sur, mais je vais essayer aussi le Chocalan pour comparer ce trio de bons chardos chilien !

    Patrick

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  9. Un peu plus de deux ans plus tard, retour sur ce vin pour voir comment il évolue. Le producteur parlait d'un potentiel de garde jusqu'en 2017. Fin 2013 semble un être un bon point temporel pour vérifier où en est ce vin.

    Constat? Le vin évolue très bien. La robe est d'un ton doré intense et le vin semble avoir gagné un très léger trait noisetté, mais ce signe de début d'oxydation demeure très subtil à ce stade-ci et ne dépare en rien l'ensemble du vin. Au contraire, ça ajoute un élément supplémentaire. Autrement, le profil du vin demeure assez fidèle à ma description initiale. Le fruité de pêche domine toujours l'action et la matière est dense et de très belle qualité. Il me reste quelques bouteilles pour continuer de le suivre. Devrait pouvoir atteindre 2017 sans trop de problèmes et même son dixième anniversaire.

    Claude

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