Peu de temps pour écrire dernièrement, mais une nouvelle lue sur Vin Québec, à propos du rejet par la SAQ du Château Musar, pour cause de taux de carbamate d’éthyle trop élevé a retenu mon attention. Personnellement, je boirais ce Musar sans crainte pour ma santé, tout comme je n’ai pas peur des sulfites ou des traces de pesticides pouvant se retrouver dans un vin. Ce n’est pas une question de toxicité, c’est une question de dose. Toutefois, pour moi, cette anecdote montre bien qu’au nom du naturalisme, les standards changent, comme le démontre la justification de Gaston Hochar de Château Musar, dans l'article de Vin Québec.. Malheureusement, la nature n’est pas toujours bonne. Laissée à elle-même, elle peut produire les poisons les plus virulents, et les composés les plus nauséabonds. Je sais que c’est une idée fixe de ma part, mais le monde du vin fin se gargarise trop avec la pseudo bonté de la nature. La nature n’est totalement bonne que lorsque l’homme sait la contrôler avec clairvoyance. Laisser son vin en cours d’élevage, et même en bouteille, aux aléas des bactéries et des levures n’est pas pour moi un acte de clairvoyance. Je suis toujours étonné de constater comment dans le monde du vin fin on a recours aux fermentations post-FA et malo pour “complexifier” des vins. D’un côté certains dénoncent l’usage de levures naturelles sélectionnées, ou bien d’enzymes, mais de l’autre, on tolère, peut-être par angélisme ou par ignorance, l’usage de micro-organismes qui utilisent leurs propres enzymes pour modifier le profil aromatique d’un vin, et ce de manière parfois hasardeuse. Si Musar est vraiment un grand vin, comme certains le prétendent, il ne devrait pas avoir besoin de recourir aux bactéries lactiques et aux levures brettanomyces pour l’être. En ce sens, j’ai lu dernièrement un article très éclairant du professeur Denis Dubourdieu sur l’influence des facteurs naturels et humains dans le Bordelais. J’en ai plus appris en quelque pages sur Bordeaux et sa viticulture, que dans tout ce que j’avais pu lire à ce sujet auparavant. J’en conseille la lecture, même si c’est parfois un peu technique. En conclusion de son article, Denis Dubourdieu y va de cette phrase qui à mon sens est pleine de vérité.
“L’ambition humaine d’élaborer un produit d’exception est à l’origine des grands vins. Pour réaliser ce projet esthétique, l’homme par son savoir faire combine, dans les conditions climatiques de sa région, différentes variables : les sols, les cépages, les porte-greffes et tout l’arsenal des pratiques viticoles et oenologiques”
À noter que Dubourdieu parle d'abord de savoir faire, et dans l’énumération qui suit, il parle quatre fois de ce qui se passe au vignoble, et seulement à la fin, il évoque l’oenologie. Venant d’un oenologue aussi réputé, c’est pleine de sagesse, et ça veut tout dire. Le vin de grande qualité ne se fait pas au chai de vinification, mais il peut s’y défaire. Les apôtres du naturalisme devrait méditer là-dessus!
En terminant, et pour revenir à ma marotte chilienne, il est intéressant de noter l'importance qu'accorde Dubourdieu aux porte-greffes dans son équation globale. Tant que le vignoble chilien sera très fortement planté franc de pied, il sera très difficile de le comparer à ce qui se fait ailleurs dans le monde. Et si le phylloxéra avait été un mal pour un bien en permettant le développement des porte-greffes, et de l'adaptabilité qu'ils procurent? C'est là un autre exemple montrant que le bien et le mal ne sont pas toujours là où on pense dans cette nature, et que c'est le bon jugement humain qui peut permettre d'orienter les choses vers le meilleur. Voilà une autre matière à réflexion pour les amants de la nature pure et innocente qui devrait être laissée à elle-même.
http://www.vinquebec.com/node/7223
http://www.unige.ch/sochimge/Dubourdieu.pdf
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Salut Claude,
RépondreSupprimerAlors fini les odeurs de ferme, de purin, de cheval...etc!
Plusieurs vont s'ennuyer du Musar même avec ces odeurs assez caractéristiques!
Bonne continuation et lâches-pas, on te li souvent!
Normand
Salut Norm,
RépondreSupprimerC'est pas fini Norm. On peut acheter un bon Cahors comme le Château du Cèdre 1996!!! Je sais, il me reste du 1999. À cet âge, soit certain que ce ne sont pas des arômes de réduction, mais des arômes de bretts!!! Je suis toujours surpris de constater la tolérance pour ça parmi les bons amants du terroir... Ça explique probablement en partie pourquoi je me retrouve à parler de vins du Nouveau-Monde sur un blogue confidentiel!!!
Claude
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Hé...as-tu lu ça sur FDV en cachette??? Tu sais que tu nous manque pas mal sur FDV!
RépondreSupprimerAs-tu gouté au Château du Cèdre 1996 pour vérifier mes dire? Je penses qu'il est moins sur les bretts que Musar mais c'était assez détectable qaund même.
NW
Comme je t'ai dit, j'ai du 1999 qui souffre du même problème. De plus j'ai lu un membre de LPEL aujourd'hui qui perçoit de "l'étable" dans le 1989. Pour FDV, c'est vrai que je suis discret. C'est mieux comme ça.
RépondreSupprimerClaude,
RépondreSupprimerMieux comme ça pour toi, peut-être!
Mais comme le dit Norm, ton absence sur FDV a laissé un très grand vide qui n'est pas près d'être comblé.
PasséSdate
Pas juste mieux pour moi. Mieux pour la plupart des membres. Ici, par exemple, je peux écrire qu'un Sauvignon Blanc chilien vaut un Sancerre du double du prix sans foutre la pagaille. Maintenant que je n'écris plus sur FDV, ça finit en dégustation double!!! Y en a même un qui se pratique à reconnaître le Matetic pour être sûr de ne pas se faire prendre!!! Vous voyez bien que je suis mieux ici.
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